Toumani Diabaté a déposé sa Kora pour toujours

Toumani Diabaté a déposé sa Kora pour toujours

C’est dans l’après-midi du 19 Juillet via les réseaux sociaux que la mauvaise nouvelle tombe: Le roi de la Kora, gardien d’une culture familiale des griots du Mali, le Mandingue Toumani Diabaté s’en est allé. 

Ce natif de Bamako, ville où il voit le jour le 10 Août 1965 a quitté la terre des hommes pour rejoindre ses ancêtres. Entre mélancolie et douleur, les maliens ont rendu un dernier hommage à celui qui pour eux restera un monument culturel. 

Toumani Diabaté, nommé roi de la Kora, instrument qu’il apprend à connaître dès l'âge de cinq ans au grand damne de son père Sidiki Diabaté, est le musicien africain qui a su donner une valeur absolue à cet instrument dans la musique solo au point de l’introduire aux accompagnements des fonds des chansons. Une innovation et révolution dans un monde musical dominé par des instruments largement utilisés tels que la guitare ou le piano. Avec la Kora, Toumani Diabaté fera connaître au reste du monde la culture mandingue dans des collaborations telles que AfroCubism aux côté du guitariste cubain Eliades Ochoa et les musiciens maliens Djelimady Tounkara, Bassekou Kouyaté, Kassé Mady Diabaté, Lassana Diabaté et Baba Sissoko. Une culture mandingue qu’il a eu le plaisir d’exporter aussi dans la collaboration Play for Change en 2005 avec la chanson célèbre Stand By Me dans un projet du réalisateur américain Mark Johnson parti des rues de Los Angeles. Il collabore aussi avec d’autres grands artistes de renom à l’instar de Taj Mahal, Damon Albarn, Bjork ou Ali Farka Touré. Donner sa place à la Kora est le travail immense que Toumani Diabaté a accompli puis transféré aux autres comme héritage. 

Si l’artiste continuera de vivre par ses œuvres, sa mémoire survivra aussi grâce à son héritage musical légué à ses enfants dont Sidiki et Balla Diabaté en sont devenus les gardiens depuis une dizaine d’années. La chanson Toumani et Sidiki, un dialogue entre père et fils est en réalité la transmission des pouvoirs ancestraux d’une tradition familiale des griots de plus de 700 ans dont l’illustre disparu était à la soixante-et-onzième génération. 

Derrière lui, comme cadeau, une discographie partie des années 1980 à 2023, si riche et variée reste pour beaucoup de mélomanes, spécialement ceux d’Afrique de l’Ouest, un héritage à conserver, à explorer et à chérir. Chanter Kaira, jouer Jarabi en écoutant aussi Lamomali, avec la collaboration de Matthieu Chedid, Sidiki Diabaté et Fatoumata Diawara, le père de Diabateba a bercé l’enfance de plusieurs générations principalement celles d’Afrique de l’Ouest, ont confié à Semaine Globale trois personnes dont un jeune malien, une dame sénégalaise et monsieur gambien. 

Toumani remporte de son vivant plusieurs prix internationaux tels que le prix du meilleur album étranger de l’année 1988 du New Musical Express avec l’album Songhaï, le Grammy Awards du meilleur album traditionnel de musique du monde en 2006 avec l’album In The Heart of The Moon, ou encore le Grammy Awards du meilleur album de musique traditionnelle en 2011 avec l’Album Ali and Toumani, en l’absence de Ali Farka Touré décédé le 07 Mars 2006. A ce titre, Toumani Diabaté entre dans le club fermé d’africains à qui le Grammy Awards a été décerné. Une liste composée de Miriam Makeba, Mamadou Diabaté, Ali Farka Touré, Babatunde Olatunji, Owuor Arunga, le groupe Tinariwen, Richard Bona, Cesaria Evora, Sikiru Adepoju, Youssou Ndour, RedOne, Tems Temilade Openiyi, Wizkid Ayodeji Ibrahim Balogun, Damini EbunOluwa Ogulu Burna Boy, Black Coffee dj Nkosinathi Innocent Maphumulo, le groupe Soweto Choir, Ladysmith Black Mambazo et Angélique Kidjo.  

Semaine Globale présente ses sincères condoléances à la famille Diabaté et au peuple fort du Mali. Puisse l'âme de l’illustre disparu reposer en paix et que le très haut l’accueille dans sa félicité. 

Dimanche 21 Juillet 2024

Gimagesa Fumumeya Chris

Semaine Globale